what
we say
Observateur de tendances, le Global Web Index (GWI) adapte régulièrement ses questionnaires à l’air du temps. La manière de le faire peut parfois étonner. Ainsi de cette question, introduite en 2022 sur les nouvelles technologies : « Laquelle parmi les technologies suivantes vous passionne ? » On ne parle donc pas de connaissance en soi, ni de sentiment clair, comme la crainte ou l’enthousiasme. Le sujet s’est d’ailleurs remarquablement étoffé au cours des années, passant de 5 propositions en 2022 à 8 l’année suivante, et puis 10 depuis 2024. Cette augmentation du nombre de propositions incluses dans la question a fait logiquement grimper le taux net de répondants se disant sensibles à au moins une des technologies proposées.
L’évolution montre aussi le peu de visibilité du Metaverse ou le net repli de l’Internet des objets dans les perceptions. Elle apprend également que l’intelligence artificielle ne semble pas avoir bénéficié d’un gros boost alors que débarquaient dans l’actualité ChatGPT, Perplexity et les autres. Si dans les dernières données disponibles, celles relatives au premier semestre 2025, l’intelligence artificielle (IA) est maintenant le sujet qui passionne le plus dans la palette des technologies étudiées, c’est sous l’effet combiné d’une lente croissance et d’un certain repli de la proposition "énergie propre" qui s’était avérée la plus prisée en 2024.
Bref, si l’IA "passionne", elle n’écrase pas tout sur son passage. En tout cas dans la perception des Belges de 16 à 64 interrogés par le GWI, elle semble appréhendée avec un certain détachement, sans emballement particulier, zen en quelque sorte.
Parlant de ceux que l’IA semble attirer proportionnellement plus, il y a au moins une surprise, celle d’un intérêt plus important chez les répondants francophones (mais peut-être est-ce dû à la formulation de la question dans chacune de nos langues nationales ?). D’autres résultats étaient plus attendus, comme une plus grande attention chez les hommes, les grandes différences générationnelles (en gros, on s’y intéresse beaucoup plus avant 25 ans, puis cela décroît de manière quasi linéaire) ainsi qu’un intérêt nettement plus prononcé chez les individus plus favorisés (et probablement plus informés).
Dommage néanmoins que l’approche du GWI soit aussi sommaire : on aimerait avoir un rendu plus riche des attitudes vis-à-vis de l’IA, qui en ferait un tour complet : connaissance plus ou moins précise, attirance, peur éventuelle… A cet égard, l’enquête annuelle Digimeter est depuis 2019 bien plus fouillée et riche d’enseignements sur la perception de l’IA dans le grand public. Dommage que ces enseignements-là soient limités à la Flandre.