what
we say
On pourrait évidemment analyser les données financières des deux groupes, mais d’autres que nous ont plus de compétences en la matière. Pour notre part, les graphiques de ce week-end tentent de mettre en carte les positions respectives des publics des deux grands acteurs du marché belge francophone des médias, Rossel et IPM, qui - on le sait - font l’objet actuellement d’une actualité chaude. Attention, il y a à cette approche des objections en cascade. En voici quelques-unes :
- Nous utilisons ici les indicateurs d’audience bruts sur la population francophone de 16 ans et plus. Façon d’obtenir une référence commune. On est généralement sur l’année 2024, mais pas uniquement (la presse est à cheval sur 2023 et 2024) et il est inutile de rappeler que selon les médias, les méthodes de recueil d’audience, voire de calcul, sont différentes.
- Pour la presse, les données de diffusion auraient pu être mobilisées, mais on parlait alors de distribution et non de lectorat d’une population précise. Le lectorat aligne la presse sur les autres médias.
- Rossel est aussi présent sur le marché de la presse gratuite, avec le titre 7 Dimanche, qu’on pourrait éventuellement aligner sur la catégorie des journaux, et qui vaudrait alors à son éditeur une part de l’ordre de près de 61%.
- Nous nous basons sur la totalité du public des différents médias, tel que rapporté par les études CIM, pas sur l’audience commerciale ou commercialisable. Cette remarque concerne principalement l’audio-visuel.
- Dans l’univers numérique, la donnée CIM ne donne qu’une vision très partielle du marché. Les plateformes internationales (les fameux GAFAM, principalement) ne sont pas couvertes par la mesure qui se limite aux acteurs nationaux belges souscrivant à l’étude.
Si on veut bien accepter les différents parti-pris, il est clair que l’enjeu principal des tractations actuelles entre les deux groupes est la presse quotidienne. Qu’on le retourne dans tous les sens, le marché PQ francophone deviendrait un monopole pratiquement complet (seule nuance, Roularta possède 50% de Mediafin). Ailleurs, le déploiement cross-média de Rossel et IPM leur confère une empreinte beaucoup plus modeste. En tout cas dans notre approche, qui, rappelons-le, ne considère pas en soi la commercialisation publicitaire.
Mais on le voit : documenter la position d’acteurs de marché média ne va pas nécessairement sans discussion sur les métriques et périmètres pertinents. Pour perspective, un gros rapport US publié en 2019 sur les plateformes digitales préconisait de mesurer la concentration sur base des parts d’attention des différentes parties. En pratique, cette mesure consisterait en la division du temps passé sur un média donné par rapport à l’ensemble du temps passé sur l’ensemble de l’offre disponible. L’avantage consisterait évidemment en un dénominateur commun. Mais en-dehors de l’audio-visuel, cette métrique commune détaillée par support n’existe évidemment pas, ou pas encore.
Et elle est elle-même sujette à discussion…